• Pour une fois je viens vous parler d'un Troll.

    ***

    Oh ce n'était pas un de ces Trolls énormes et puants que l'on a l'habitude de trouver sous les grands ponts. Non c'était un tout petit troll minable habitant à coté d'un pont tout aussi petit et minable que lui.

    Les Trolls aiment les ponts de pierre gigantesques sous lesquels ils peuvent abriter toute une famille, voire toute une tribu. Mais notre pauvre Gâârd vivait devant un pont fait de deux planches de bois pourri reposant d'un côté sur un vieux rocher moussu et de l'autre sur un empilement branlant de cailloux disparates. Normalement Gâârd aurait dû passer tout son temps libre à entretenir et embellir son pont afin qu'une jolie Trolle, un jour, décide de venir y vivre à ses côtés et ponde de jolis oeufs de Troll. Et oui, beaucoup de gens l'ignorent mais les Trolls pondent des oeufs, ce sont des géodes d'agate et d'améthyste.

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    Mais voilà notre pauvre Gâârd (ainsi l'appelaient les grands trolls en ricanant et en tapant du gourdin sur le sol) n'avait guère de temps à consacrer à son pont. C'est que voyez-vous, un Troll mange beaucoup. Normalement ce sont les parents Trolls, puis les femmes Trolls qui chassent ou recueillent la dîme pendant que les Monsieurs Trolls auscultent leurs ponts, tapotant la structure, remplaçant les pierres branlantes, bref faisant beaucoup de bruit pour pas grand chose en se donnant terriblement d'importance. Mais Gâârd n'avait plus de famille, ses parents étaient morts lors de l'effondrement de leur pont suite au dernier tremblement de terre, et ses frères et soeurs, plus âgés que lui, l'avaient abandonné le plus tranquillement du monde, dans l'indifférence totale de la tribu.

    Gâârd après quelques jours d'errance s'était aventuré dans la vallée des Serpents (aucun serpent ne mord un Troll, il s'y casserait les dents). C'était une vallée profonde séparant le Royaume en deux, souvent plongée dans l'ombre, nul ne s'y égarait sans y trouver la mort. Hormis un Troll bien sûr. Car voyez vous, quand je vous dis que Gâârd était tout petit et minable, il mesurait quand même pas moins de 3 mètres et pesait 260 kilos, bon d'accord, c'est lamentable pour un mâle de sa race, mais d'une part il était tout jeune, pas plus de 120 ans, un bébé quoi, et d'autre part il était affamé, mangeant rarement à sa faim.

    Là, suivant l'eau glaciale de ce ruisseau, qui avant le tremblement de terre était une majestueuse rivière, il avait trouvé ce pont. Enfin, pont est un grand mot : deux lourdes planches s'étaient échouées après que la rivière se soit tarie, détournée par la faille qui s'était creusée. Il s'était établi au milieu de la vase qui peu à peu se desséchait, le privant de toutes ces savoureuses larves, composante principale de sa nourriture. Avec l'habitude Gâârd devint assez rapide pour capturer les serpents. Les paysans qui habitaient les flancs de la vallée préféraient remonter vers les sommets, longer les crêtes et rejoindre l'un des 2 ponts, soit celui en amont, soit celui en aval où vivaient des trolls prospères et grassouillets qui prélevaient leur dîme habituelle en pain oeufs et poules.

    Un jour que Gâârd essayait de coincer une pierre sous une des planches, afin de la stabiliser, il entendit couiner. Son premier geste fut de dresser ses oreilles rondes et velues (et légèrement crasseuses) pour repérer l'origine du son. Quant il vit le chiot agrippé à une branche, dérivant en pleurnichant, son second geste fut de s'en saisir pour le croquer. Mais il avait fait ripaille peu de temps avant en dévorant toute une floppée de serpents, et comme le venin l'incommodait, il se sentait ballonné. Il reposa son repas pensant le dévorer plus tard. Le chiot s'endormit aussitôt, à son réveil il dévora quelques restes de serpent, puis tout content il léchouilla les orteils crasseux du Troll. Gâârd rota prodigieusement, le venin ne passait pas bien, il avait vraiment exagéré sur la quantité de serpents, puis se remit mollement à réparer son pont. Une chose en entraînant une autre, le chien resta ...

    Les mois passèrent, le chien grandit devenant un excellent chasseur de serpents qu'il ramenait à Gâârd, libéré de la corvée de nourriture, celui-ci avait de plus en plus en plus de temps pour entretenir son pont. Le chien chassait les serpents pour Gâârd et les lapins, taupes et autres petits animaux et des poissons pour lui même. Et l'on vit pour la première fois depuis des siècles un Monsieur Troll travaillant réellement. Il empilait des pierres, de plus en plus grosses, pour les caler, il se mit à les tailler, puis à les polir, puis à les encastrer soigneusement les unes dans les autres.

    Un jour qu'il taillait les pierres il entendit un petit animal couiner. Chien grondait, ses dents claquaient, prêt à croquer l'intrus. Troll lui envoya une torgnole amicale pour le calmer et Chien se retrouva les 4 fers en l'air. Le petit animal était un microscopique matou roux tigré et sans queue. Gâârd qui passait son temps tout seul contrairement à ses congénères était devenu un peu farfelu. N'importe quel autre ogre aurait ouvert son mufle et laissé tomber le matou tout droit dans son estomac, ne recrachant ni poil ni griffe. Gâârd posa l'animal en hauteur au creux d'une branche, à l'abri de Chien et lui donna un bout de poisson que Chien avait laissé.

    Chat prospéra, bizarrement c'était un excellent nageur qui adorait pêcher. Il traquait les poissons pour lui et Chien, Chien traquait les serpents pour Gâârd, et Gâârd embellissait son pont. Chien se révéla être une Chienne qui fit une escapade de quelques jours et plus tard donna jour à une jolie portée de Chiens qui furent d'aussi bons chasseurs que leur mère. Le pont  grandit assez pour abriter Gâârd et une illusoire épouse, mais il continuait. Il rajouta une rangée d'arches au dessus de la première arche, puis une autre rangée au dessus encore.

    En quelques années le pont était devenu si haut que le haut affleurait le sommet des crêtes, devenant aussi grand que les grands ponts en aval et en amont. Peu à peu les paysans prirent l'habitude de traverser à cet endroit là, leur piétinement créa une sente, puis une route qui menait au pont. Ils payaient modestement, plus modestement que la dîme exigée pour traverser les autres ponts, alors ils vinrent nombreux, délaissant les autres Trolls et les autres ponts qui tombèrent dans l'oubli.Visoterra-pont-du-gard-1-4523.jpg

    Gâârd devint si riche et propriétaire d'un si beau pont que les Trolles des meilleures familles se jetaient à ses pieds. Mais Gâârd était devenu bizarre et il préféra épouser une petite Trolle rachitique qui n'avait même pas de poils aux jambes. Ils vécurent ensemble très longtemps, en se tapant souvent dessus, comme tout bon couple de trolls qui se manifeste son affection, ils eurent plein de très beaux oeufs d'un vert un peu pourri, comme il se doit, sous le pont de Gâârd.

     

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    Cette année le père Noël avait bien des soucis : son frère venait lui rendre visite. Et ça, c’était dur à vivre, et le pire c’était que sa belle mère venait aussi, à la même date. Comment arriver à concilier ces deux là et à préparer Noël en même temps ? Ils auraient pu choisir une autre période. Mais non, voilà, l’été ce n’est pas amusant : il fait jour tout le temps, et puis l’hiver c’est tellement vivant avec tous ces lutins qui s’agitent, ces cadeaux fabuleux créés par magie dans l’atelier, les rennes qui gambadent joyeusement et font des grâces et des clins d’yeux à tout le monde histoire d’avoir le droit d’aller faire un tour. Oui, mais … oui mais pour le père Noël, tout ça est une affaire sérieuse à ne pas prendre à la légère, le résultat de 364 jours de travail et de préparatifs. Et son frère, et sa belle-mère venaient au Pôle Nord, le même jour. Ils seraient là, dans le même pays, la même région, pire, peut-être même  dans la même pièce, dire que d’habitude tout le monde se débrouillait pour laisser entre eux, au moins deux continents de distance. Ah la la, le Père Noël se faisait du tracas. Mais personne n’y pouvait rien et le Pôle entier retenait sa respiration dans l’attente du Grand Bazar qui n’allait pas manquer de se produire.

     

    Les lutins étaient calmes, les rennes jetaient un œil en dehors de l’étable puis, prudents rentraient vite le museau, à l’abri. Les sapins tremblaient un peu et de la neige tombait par intermittence des aiguilles jusque sur le sol. C’était LE grand Jour. Belle-maman allait arriver, la magicienne des glaces, belle et givrée comme ces lueurs que l’on voit au travers de ces plumetis blancs sur les branches d’arbre les jours de grand froid. Et le Frangin, le frérot, le grand Perturbateur allait montrer son nez dans la foulée. C’était un joyeux luron, agréable convive qui provoquait éclats de rires et catastrophes à parts égales. Son rire fort résonnait comme un clairon. Mais la magicienne des Glaces imposait respect et silence, contre elle, les sons mouraient et se brisaient comme dans ces paysages de neige où les bruits sont étouffés et cotonneux. Pourtant Faunus s’en moquait  et riait toujours aussi fort quand elle était là, et cela agaçait énormément La Dame du Froid.

     

    Et voilà que son pont de glace se formait dans l’air immobile et bientôt touchait le sol. Fria glissait à sa surface comme un nuage dans le ciel, se posait sur la neige adressait un sourire blanc à tous ceux qui admiraient sa beauté et la dignité de son arrivée. Tout le monde la regardait, en silence avec amour et … peut-être un peu de peur. Mais à peine a-t-elle pu profiter de toute cette vénération que lutins, lutines, fadets et animaux lui témoignaient, qu’une immense cacophonie joyeuse rompit le charme. Aussitôt l’air se remplit de frénésie et de gambades, les lutins firent des cabrioles, les oiseaux pépiaient à se rompre la gorge, les fadets se mettaient à courir en tous sens et les rennes sortaient de leur étable se bousculant comme des fous afin de profiter de cette intense gaieté : Faunus était là.

     

    Venu des terres chaudes de Grèce, Faunus est le demi-frère du père Noël. Personne ne connait les mystères qui font de Faunus et Noël d’aussi proches parents, mais c’est ainsi. Ont-ils le même père ou la même mère ? Nul ne le sait et n’ose leur poser la question. Pourtant je ne crois pas qu’ils en feraient un secret s’ils savaient à quel point tout le monde s’interroge. Faunus, grand gaillard hirsute et rieur, arrivait porté par un vent du Sud qui s’essoufflant a fait demi tour après avoir déposé son passager.  Faunus est aussi sombre de peau et de cheveux que la Dame est transparente, aussi bruyant qu’elle est silencieuse, aussi tout ce que vous pouvez imaginer qu’elle est le contraire même de ce que vous avez imaginé. Et les spectateurs attendaient qui avec angoisse, qui avec amusement, ce qui allait se produire lorsque ces deux là se disputeraient.

     

    Noël et Mère Noël sortirent enfin de leur atelier, tout ce vacarme avait réussi à les tirer de leur travail. Rikke, grande et forte femme, semblable à une de ces guerrières vikings qui peuplèrent la terre il y a de cela 1000 ans et Père Noël tel un Odin vieillissant et bienveillant.  Elle se précipita sur sa mère si frêle et la serra fortement dans ses bras. La Dame sembla sourire un instant avant de reprendre son air impassible. Noël n’a pas eu le temps de faire un pas que déjà Faunus a couru l’enlacer, le soulevant du sol en hurlant «mon p’tit frère, comm’t’as grossi, ta bonne femme te fera exploser le manteau si elle continue à te nourrir» Pensez si la scène  a pu être du goût de la belle-mère. Bientôt, tout ce monde rentra dans la maisonnette de la famille Noël.

     

    Le temps d’installer Belle maman dans la chambre en haut de la toute petite tour et Faunus au rez-de-chaussée à côté du dortoir des lutins, et l’agitation se calma un peu. Puis bientôt vint la visite de l’Atelier. C’était quelque chose qui avait toujours fasciné les 2 invités, mais pas pour les mêmes raisons, on s’en doute bien. Elle admirait toutes les décorations, boules de verres délicatement soufflées, pendentifs semblables à des cristaux de neige, les étoles telles des fils d’argent, les poupées blanches et endormies. Lui s’extasiait bruyamment sur les jouets mécaniques, les clairons et les trompettes, tapait avec entrain sur les petits tambours. Fria lui jetait des regards de plus en plus courroucés, il s’en moquait, saisissait un klaxon de vélo et le faisait retentir aux oreilles de la Dame indignée. Père Noël hésitait entre un fou rire mal venu et un air de réprobation qui n’arrivait pas à être convaincant. Madame Noël, elle était en colère contre Faunus. Mais le moyen de le gronder quand, dès qu’elle ouvrait la bouche pour le réprimander il éclatait de rire, la prenait dans ses bras et la faisait valser au milieu des lutins hilares ?

     

    La visite de l’atelier terminée (à toute vitesse, car il ne restait plus beaucoup de temps au Père Noël pour faire ses derniers préparatifs)  ce fut la visite de l’étable. Les grands rennes étaient si adorables avec leurs yeux tendres et leurs museaux veloutés que tout le monde voulait les caresser. Et bien sûr ce fut lorsque les Noël commençaient à se détendre, se disant que le pire était passé lors de la visite de l’Atelier que la dispute redoutée arriva. Faunus lança :

    « Allez frangin attache tes bestioles que je fasse une balade »

    Fria, les lèvres pincées, ses yeux bleus d’eau virant au violet répliqua

    « Votre goujaterie n’aura même pas imaginé laisser une Dame parler en premier »

    « Alors fallait te décider ma belle, je vais pas attendre 107 ans que tu daignes nous dire si tu as ou non envie de faire une promenade »

    « Tout le monde ne va pas se précipiter au mépris de la bienséance pour exiger une faveur de ses hôtes ! »

    Et là, cela alla de mal en pis. Et cela dura, dura. Le Père Noël s’impatientait, c’est que voyez-vous, il avait du travail.  Madame était retourné à ses fourneaux grommelant que si les adultes voulaient se conduire comme des enfants, elle reviendrait quant ils seraient grands.

     

    À la fin Noël s’énerva, non mais il n’avait pas que cela à faire.

    « ça suffit, vous n’avez qu’à y aller ensemble, de toute façon vous n’aurez pas le temps de faire un tour tout les deux avant la période de repos des animaux »

    Il y eut comme un instant de flottement. Même Noël se demanda ce qui lui avait pris de dire cela, mais une fois dit, c’était dit. Et Faunus eut l’air de trouver cela terriblement amusant. Fria, beaucoup moins ! Excédé Faunus commença à atteler les rennes qui piaffaient d’impatience. Les animaux regardaient par-dessus leurs épaules afin de voir ce qui se passaient, l’on aurait qu’ils riaient Fria continuait à s’énerver et perdait de sa dignité à vue d’œil. Tant et si bien que Noël exaspéré fit une chose qu’il n’aurait jamais imaginé, il attrapa Fria par la taille, la souleva et l’assit dans le traîneau à côté de Faunus qui s’esclaffait à n’en plus pouvoir.

     

    Les rennes impatients de s’envoler prirent leur élan et zou, le traîneau décolla emportant un Faunus rigolard et une Fria furieuse. Noël revint vers sa maison, se frottant la barbe se demandant comment il allait expliquer ce qui venait de se passer à sa douce épouse.  Il la trouva assise, sur le petit perron riant tant et plus en regardant le traîneau :

    « Sais-tu cher mari, que depuis la mort de son mari, mon père, nul n’a osé poser la main sur ma mère ? Et  non seulement tu as fait cela mais tu l’as contrainte à agir contre sa volonté. Personne ne peut la faire plier, elle décide et régente son univers. Puisse cette expérience lui rappeler qu’elle n’est pas au dessus de tout et de tous. »

     

    Au dessus d’eux dans le ciel de nuit les rennes galopaient ivres de bonheur et de grand air, Faunus riait de plus en plus fort et Fria criait qu’elle voulait descendre. Ce qui devait arriver, finit par arriver. Folle de rage, elle s’empara des guides et tira sec sur l’attelage. Les rennes n’avaient pas l’habitude d’être traités ainsi, à ce moment là l’attelage passait à la verticale d’un petit lac que la magie de Noël maintenait libre de glace toute l’année. Ceci  afin de pourvoir au seul vice de notre cher bonhomme en rouge : le ski nautique. Bref, l’attelage pila, le traîneau passa cul par-dessus tête éjectant les deux passagers, ils s’envolèrent en une courbe gracieuse qui devait les mener droit dans le lac.

     

    Rikke poussa un cri perçant, Noël était déjà debout en train de courir vers le lac, tous les lutins se précipitaient, qui sur les échasses qu’ils étaient en train de fabriquer pour les petits enfants, qui dans les trains électriques, d’autres dans des luges prenant soudain vie, sur des chevaux de bois, à dos de poneys en peluche, ... ,  mais tout le monde sentait bien que ce serait trop tard.  La Dame malgré son caractère inflexible était si fragile. Alors on vit Faunus se tordre sur lui-même dans les airs, fournissant un effort désespéré, attrapant la Dame et l’enveloppa de ses bras  faisant en sorte que son corps heurte l’eau en premier, protégeant  Fria autant que possible. Il y eut un moment d’horreur lorsque les 2 corps s’engloutirent dans les eaux, mais d’un coup, on revit émerger la tête hirsute de Faunus, suivie de la chevelure d’opale de la Dame du Froid. Celle-ci créa une passerelle de glace sur laquelle les deux accidentés se hissèrent pour rejoindre la rive. Faunus ne riait plus, et Fria ne criait pas, à la grande surprise de tous les spectateurs.

     

    Faunus blotti au coin de la cheminée mit toute la soirée à se réchauffer. Les rennes penauds regardaient par la fenêtre si les choses s’arrangeaient. Rassurés mais pas bien fiers ils allèrent se réfugier dans l’étable jusqu’à ce que Noël aille les réconforter. « Allons donc, ce n’était pas leur faute, Fria avait exagéré, Faunus les avait conduits comme un fou, et lui-même Noël aurait pu prévoir le drame et ne pas coller ensemble ces deux énergumènes. » Quand il rentra dans la cuisine, il trouva Fria bien calme et rêveuse. Aïe ! ça n’augurait rien de bon ! Mais pourtant il n’y eut ni méchantes remarques, ni cris et le repas se passa en silence. Noël et Rikke se regardaient au dessus des bols de soupe, attendant que quelqu’un se décide à parler. Pourtant même Faunus se taisait, venu des pays chauds le bain dans l’eau glacée l’avait tellement frigorifié qu’il passait son temps à claquer des dents. Noël et Rikke disparurent s’occuper de l’Atelier tandis que Faunus et Fria rejoignaient leurs chambres repectives.

     

    Au Matin, le vent du Nord emporta Faunus vers le Sud et le pont de glace emmena Fria vers les nuées givrées. Noël poussa un gros soupir de soulagement. Mais Rikke secoua joyeusement la main vers sa mère, et se tournant vers Noël lui révéla avec un grand sourire :

    « Tu sais, je crois bien que l’an prochain nous les reverrons à nouveau arriver à la même date.

    « Que veux-tu dire ? » se désespéra Noël

    « Maman a demandé à quelle époque comptait revenir Faunus. »

    «  Pour l’éviter ? » osa espérer Noël

    «  Je ne crois pas. » Répondit-elle en riant.

     

    En rentrant vers l’Atelier Noël se demanda à qui il pourrait bien demander comme cadeau qu’on lui offre une famille plus facile à vivre.

     


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  • vous vous souvenez : ici

     

    Lorsque les 7 Aïns (1) recueillirent la Princesse (histoire bien connue)(2), ..... Certains d’entre eux travaillaient la roche brute, les os des montagnes, créant des dentelles de pierre ornant les châteaux.(3)

      .....


      Ils étudiaient non seulement les minéraux mais les minerais, créant de fabuleux alliages de métaux, résistants, légers et brillants comme le soleil. (4)

    .....

    Ceux-ci entourés de tant de monde et de beau monde, ne se méfièrent pas. Ils festoyèrent gaiement, ripaillèrent à satiété, burent plus que de raison de ce jus de pomme fermenté (5) que nul autre qu’eux n’appréciait.

    ....

    L’aîné des Aïns, Pyré, se pencha vers le sol, posa ses mains contre la pierre, la salua et lui demanda poliment le passage. (6)

    ...

    Pyré, l’aîné (7)  partit vers le Sud où une chaîne de montagne barrait le ciel. Talpes (8) partit vers le Sud-Est, en direction des montagnes si hautes que leur pointe chatouille le ventre de la Lune. Vergne(9), le cousin décida de rester sur place, parler aux dragons des volcans afin que ceux-ci crachent leurs flammes sur les troupes du Roi.

    ....

    Talpes et son groupe profitèrent d’une bourrasque de neige pour aller s’établir sur le plus haut sommet de la Montagne Blanche (10).

    ...

    De tailleur de pierre, Bret devint ânier(11).

    ....

    Bientôt il arriva là où la terre se finit (12) , face à la mer déchaînée. Il y resta avec les siens, un jour entier à se repaître de cette vision qu’il espérait  depuis sa fuite des cachots.

    ..... 

      Mais il ne le voulait. Il regarda sa famille, ses assaillants, puis il prit une grande inspiration, baissa ses bras vers la roche et cria un seul son, que l’on n’entendit plus jamais (enfin certains dirent l’avoir déjà entendu une fois, de l’autre côté de la mer(13) et encore une autre fois au bout du monde)(14).

    ...

    Jusqu’à la fin des temps les soldats, sous les ordres du commandant Kaern'c(15),  resteront pour célébrer la victoire des Aïns.

    t

    On dit, qu’ils traversèrent les continents, surgissant sur une île aride, où ne poussaient pas d’arbres, que les indigènes voulurent les capturer et furent transformés en gigantesques statues de pierre (16)

     

    voici les réponses

    1 = Aïns = nains = autres contes ici et

    2 = Blanche neige

    3 = les nains de la trilogie Tolkien (gouffre de Helm)

    4 = le mithril métal fabuleux chez Tolkien

    5 = cidre

    6 = (plus pointu là) chez Eddings dans la saga la Belgariade et sa suite

    7 = Pyré aîné = Pyrénées

    8 = Talpes = le second est Talpes lire : le second est Alpes, les Alpes

    9 = Vergnes = Auvergne et ses volcans

    10 = Mont blanc

    11 = Bretagne

    12 = terre se finit = Finistère

    13 = Stonehenge

    14 = Îles de Paques

    15 = Carnac et ses alignements

    16 = Les Moaïs de l'Île de Paques

     

    Voilou, je m'amuse bien à tout mélanger (parfois je rajoute les clefs ou modifie les noms pour faire des rappels à des choses connues.


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  • Pour celles/ceux qui ont lu mon petit conte

    "les pierres"

    publié le 14 juillet

    Je me suis amusée (comme souvent)

    à glisser des clins d'yeux géographiques ou autres dans ce conte.

    Avez vous su les voir ???

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    réponses le 16


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  •  

    Lorsque les 7 Aïns recueillirent la Princesse (histoire bien connue), ils ignoraient que leur propre histoire allait en être changée. Après  que la petite princesse fugueuse aux cheveux de jais et à la peau blanche comme le lait fut partie avec son prince charmant, la famille de celui-ci s’avisa que les Aïns possédaient un art et une habileté incomparables. Nul mieux que eux ne savait trouver les gemmes et nul mieux que eux ne savait les transformer en joyaux étincelants. Certains d’entre eux travaillaient la roche brute, les os des montagnes, créant des dentelles de pierre ornant les châteaux.

     


    Le roi et par la suite le Prince annexèrent donc la montagne des Aïns afin que ceux-ci, protégés par les troupes royales continuent à travailler en toute tranquillité dans les gouffres vertigineux et les cavernes profondes.
    Les Aïns portaient leurs trésors à la cour, où ils venaient aussi passer quelque temps à embellir les porches et les fenêtres, en échange le royaume les couvrait d’or, dont-ils n’avaient que faire, de soieries et d’étoffes précieuses qui n‘auraient pas tenu une heure dans les galeries souterraines, leur envoyait les mets les plus raffinés qui ne les satisfaisaient pas autant que le pain brun que leurs femmes cuisaient dans les fours de pierre. Malgré tout, ils étaient heureux. Ils vivaient en paix, pratiquant leur art, et étudiant toujours plus assidument les mystères de la pierre : sa formation, sa résistance, ses profondeurs. Ils étudiaient non seulement les minéraux mais les minerais, créant de fabuleux alliages de métaux, résistants, légers et brillants comme le soleil.

    Image hébergée par servimg.com


    Le temps passa, les rois se succédèrent et il en vint un qui était plus curieux que les autres. Il pressait les Aïns de question, les retenait à toute force par des cajoleries et des pleurnicheries quand ceux-ci venaient au palais, mettant à leurs dispositions forges et ateliers, tentant de les espionner et de connaître leurs secrets. Mais les Aïns ne partageaient leur savoir qu’entre les membres de leur tribu. Et la curiosité du roi se mua en rancune, hargne et colère. Mais il ne le montrait pas.


    Pour ses dix années de règne il invita sa famille, ses amis et les nobles les plus proches. Ainsi que les Aïns. Ceux-ci entourés de tant de monde et de beau monde, ne se méfièrent pas. Ils festoyèrent gaiement, ripaillèrent à satiété, burent plus que de raison de ce jus de pomme fermenté que nul autre qu’eux n’appréciait. Et ils s’endormirent, comme des bébés. Le roi les fit porter, avec tous les égards dus à des invités, dans leurs chambres. Des cachots !


    Au matin, dégrisés et penauds, ils se réveillèrent, dépossédés de leurs outils et allongés sur le sol nu en pierre. Ce qui, d’ailleurs, ne les changeait guère de leur couche habituelle. Le roi les regardait et posément leur dit que tant que les Aïns ne se résoudraient pas à partager avec lui toutes et il insista bien sur le TOUTES, leurs connaissances, ceux-ci resteraient enfermés, ici, loin de leur montagne et de leurs arbres. Qu’on ne les autoriserait plus jamais à toucher un outil de leur vie, ni à approcher une forge. Le roi savait bien qu’aucune menace ou torture n’était supérieure à cela.

     

     

    grimoire.JPGCe qu’il ignorait en revanche c’est que le prince qui avait épousé la petite princesse des siècles auparavant leur avait demandé  de raser le donjon de la marâtre de Blanche, leur accordant d«’emporter tout ce qui leur plairait dans cette fichue tour » . Et là, les Aïns avaient trouvé, outre de nombreux alambics, qu’ils avaient fait leurs, et des potions, que méfiants ils détruisirent :  un livre. Et pas n’importe quel livre. Écrit par un mage de grande sagesse, tombé comme par sorcellerie entre les mains de la mauvaise reine, il contenait des secrets perdus depuis longtemps. Entre autres la nature de la pierre.


    Certains récits disent que les Aïns résistèrent des mois au roi avant de se sauver on ne sait comment et au prix de grandes souffrances. Il n’en est rien. Rien d’aussi glorieux, rien d’aussi héroïque. Tout juste la bêtise d’un roi qui avait oublié combien les Aïns étaient les amis de la pierre, et quelle magie ils déployaient envers celle-ci. L’aîné des Aïns, Pyré, se pencha vers le sol, posa ses mains contre la pierre, la salua et lui demanda poliment le passage. Les murs se fendirent et les Aïns s’enfuirent dans le petit matin encore sombre.
    Ils se concertèrent et prirent la décision de se séparer afin d’augmenter  la difficulté de la traque pour les limiers du roi. Pyré, l’aîné partit vers le Sud où une chaîne de montagne barrait le ciel. Talpes partit vers le Sud-Est, en direction des montagnes si hautes que leur pointe chatouille le ventre de la Lune. Vergne, le cousin décida de rester sur place, parler aux dragons des volcans afin que ceux-ci crachent leurs flammes sur les troupes du Roi. Et Bret le dernier qui voulait voir la mer du Nord, dont on disait qu’elle était plus farouche et plus belle que celle du Sud, trop endormie à son goût, partit à sa recherche.


    Le roi lança tous ses hommes à la poursuite des fuyards. Pyré, aîné des Aïns, s’enfouit avec les siens dans les gorges profondes dans les avens et les gouffres, égarant ses poursuivants. Talpes et son groupe profitèrent d’une bourrasque de neige pour aller s’établir sur le plus haut sommet de la Montagne Blanche. Vergne s’enfonça dans les tanières des Dragons et vécut en toute harmonie avec ceux-ci, faisant fuir les soldats devant les panaches de soufre enflammé.


    Bret, lui, continua avec sa famille, il remonta le pays par le centre, trouvant des plaines fertiles mais monotones et de vastes rivières qu’il fallut traverser en abattant des arbres pour construire des radeaux. Ils rencontrèrent un troupeau d’ânes sauvages qu’ils réussirent à apprivoiser afin de se faciliter le voyage. De tailleur de pierre, Bret devint ânier. Mais il persévérait dans son rêve de voir la mer, à l’extrême pointe des terres, là où elle se fracasse, les jours de tourmente contre des roches grises et noires. Et toujours les soldats les poursuivaient, parfois Bret, ânier, désormais, menant sa famille ne comptait que 2 jours d’avance, parfois plus, mais la traque ne s’arrêtait pas. Bientôt il arriva là où la terre se finit , face à la mer déchaînée. Il y resta avec les siens, un jour entier à se repaître de cette vision qu’il espérait  depuis sa fuite des cachots. Mais les soldats arrivaient, alors ils repartirent vers le Sud, libérant les ânes, longeant la mer, dormant dans les criques, se nourrissant des coques et des étrilles, des bigorneaux et des araignées de mer.


    Les soldats se perdaient parfois dans les découpes de la côte, mais ne lâchaient pas la piste. Puis la petite troupe arriva sur une étendue relativement plane, et les soldats les cernèrent. Le Roi voulait les fuyards vivants, alors les soldats les entourèrent, se tenant par les épaules, formant une nasse circulaire  de laquelle les Aïns ne pouvaient s’échapper.  Bret, tailleur de pierre, Bret, ânier, était aussi Bret le Sage, celui qui avait hérité du Livre, ses connaissances étaient plus vastes que l’on ne peut l’imaginer, et il détestait la violence.

     

    Depuis longtemps il eut pu anéantir ses poursuivants, leur lançant la foudre, ou faisant ouvrir le sol sous leurs pas. Mais il ne le voulait. Il regarda sa famille, ses assaillants, puis il prit une grande inspiration, baissa ses bras vers la roche et cria un seul son, que l’on n’entendit plus jamais (enfin certains dirent l’avoir déjà entendu une fois, de l’autre côté de la mer et encore une autre fois au bout du monde). Les soldats s’arrêtèrent, leurs jambes leur semblaient de pierre, et leurs paupières étaient lourdes. Peu à peu ils devinrent rocs, soudés en cercles autour des Aïns. L’arrière garde formait des alignements, dont jamais personne ne comprit la signification, et le cercle resta mystérieux, là. Jusqu’à la fin des temps les soldats, sous les ordres du commandant Kaern'c,  resteront pour célébrer la victoire des Aïns.

    http://coincoin8887.free.fr/voyage/carnac.jpgimage voyage en Bretagne par l'Ahut

    Ce que sont devenus les Aïns ? Nul ne le sait au juste. On dit qu’ils s’enfoncèrent au centre de la terre, qu’ils voyagent encore sur des torrents de lave, surgissant de nuit pour respirer l’air libre et admirer la Lune. On dit, qu’ils traversèrent les continents, surgissant sur une île aride, où ne poussaient pas d’arbres, que les indigènes voulurent les capturer et furent transformés en gigantesques statues de pierre, mystérieuses, tournant le dos à la mer.  Mais on dit tant de choses.

     

    image du forgeron : toutoublog.com


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    Il y avait dans un pays lointain une famille de braves gens les Aïns apparentés au petit Poucet. Ils n’avaient plus grand-chose à voir avec leur illustre aïeul et entendirent bien peu parler du descendant qui épousa une ogresse bien qu’ils fussent contemporains.  Ils avaient tout le respect de leurs voisins et leur amitié, mais ils étaient bien tristes, car plus les générations passaient  et plus les enfants qui naissaient étaient petits. Personne ne se moquait d’eux, mais ils se sentaient  isolés. Obligés de regarder les gens en levant la tête, taillant les vêtements de leurs adultes dans un métrage qui aurait suffi à des enfants. Les jeunes gens avaient de plus en plus de mal à trouver des épouses et les jeunes filles ne trouvaient guère de prétendants.  Un jour ils décidèrent de quitter leurs pays et leurs amis pour aller se réfugier dans les montagnes. La famille entière fit ses bagages, et les voisins tentaient par tous les moyens de les retenir car les Aïns étaient adroits au travail du fer et de la pierre. Mais à chaque objection les parents répondaient :

    « Donnerez-vous votre Bella (ou votre Karina, ou votre Josepha –cela dépendait de la famille à qui ils parlaient, bien sûr) en mariage à notre Kelim,(à notre Jissaf, à notre …cela dépendait de leur humeur)  et les voisins baissaient la tête. Alors toute la famille chargea ses petites affaires dans de petites malles et attela leur âne à la carriole.

     

    Ils marchèrent longtemps en direction de la montagne. Au bout de 10 jours alors qu’ils abordaient les contreforts rocheux de la montagne,  ils ne rencontrèrent plus personne, la région qu’ils traversaient était déserte. Même les brigands avaient abandonné la contrée. Pourtant la terre était fertile et les bois faits de grands arbres aux futs bien droits. Mais bientôt ils croisèrent des endroits noircis où les animaux étaient absents, nul pépiement d’oiseaux, nulle trace de renard, même pas le frôlement furtif d’un écureuil.  La mère, Marissa, voulait faire demi-tour, mais ses enfants et son mari désiraient  absolument connaître la clef du mystère.  Ils continuèrent  donc jusqu’au soir du douzième jour.  Ils établirent leur campement sous un éperon rocheux, leur âne tremblait de toutes ses jambes et Marissa suppliait son mari de repartir.

    « Doubal, qui sait ce qui se cache dans ces bois calcinés ? Kelim, Jissaf et Affrin sont de jeunes têtes brûlés, mais à ton âge, on est plus sage et on connaît la valeur de la prudence, repartons vers la ville. Nous finirons bien par trouver un endroit où nous établir et où  des jeunes filles prendront nos gars pour époux. »

    Mais les hommes ne voulaient rien savoir et le pauvre âne regardait Marissa d’un air de dire « Comme les hommes sont bêtes ! ».

     

    Durant la nuit, bien froide car personne n’avait eu l’audace de quitter le campement pour ramasser du bois pour le feu, ils entendirent un lourd battement d’ailes dans les airs.  Puis il y eut un cri à glacer le sang et le pauvre âne n’osait même pas braire son désarroi. Marissa rentrait ses ongles dans les bras de son mari jusqu’à le faire saigner. Puis le vol s’éloigna et Affrin osa dire le mot que tout le monde avait à l’esprit « Dragon ! ».

    dragon.jpgimage darkngoth

    Il n’était plus question d’hésiter : dès le matin il faudrait faire demi-tour. Du moins c’est ce que tous pensèrent  à cet instant. Serrés les uns contre les autres ils attendaient que viennent les premières lueurs lorsqu’un autre bruit bien différent se fit entendre. Des pleurs, des pleurs d’enfant. Marissa se leva aussitôt appelant :

    « Petit, viens ici, n’aie pas peur »

    Et apparut un bout de chou, guère plus haut que mon genou. Fillette ou garçonnet ? Impossible à dire, la tignasse embroussaillée camouflait le visage. Une fois calmé le petit bonhomme expliqua qu’un dragon avait établi  son nid dans le flanc de la montagne et avait  dévoré ou chassé la plupart des habitants animaux ou hommes dans tous les environs.  Mais aux yeux de Marissa tout cela n’avait guère d’importance.

    « Quel âge as-tu petit ? »

    « 10 ans m’dame »

    Marissa rayonnait

    « Et dis-moi, ils sont tous comme toi là d’où tu viens ? »

    « Ben non m’dame, y a des filles et des gars, des bruns et des blonds, on est pas tous pareils du tout, m’dame »

    « Non, je veux dire, vous êtes tous des petites personnes ? »

    « Ben, on est normaux m’dame, pas comme vous les géants »

     

    Cela changeait tout et les Aïns n’avaient plus envie de partir. Enfin des gens avec qui vivre et qui ne les considèreraient plus comme des « Petits», même plutôt, comme des géants. Au matin, loin de faire demi-tour ils s’enfoncèrent  plus avant dans la montagne vers le campement des villageois. Les rescapés s’étaient réfugiés dans les arbres, vivant de peu et dans la crainte du lendemain. Les Aïns furent accueillis comme des Héros, Géants des temps anciens, venus les délivrer. Ce qui n’était pas précisément le but des Aïns qui venaient juste chercher des épouses pour les trois fils et ramener les villageois vers des terres plus hospitalières si possible. Mais ils furent tellement fêtés, entourés, pressés qu’ils n’eurent aucunement l’occasion de s’expliquer. C’est ainsi qu’au matin, ils furent poussés hors de leurs lits faits de filets suspendus dans les arbres, habillés de bric et de broc avec des morceaux de cuir et armés de faucilles, de marteaux et autres engins bien peu efficaces avant d’être lâchés à flanc de montagne.

      petit-personnage.jpg image veryaware

    Le paysage était désolé, les pierres noircies avaient fondu dégoulinant comme de la lave refroidie. Les Aïns ne se sentaient pas vraiment l’âme de Héros. Ils coururent comme une volée de moineau se réfugier derrière un gros rocher au premier bruit. Puis, ayant scruté attentivement les environs pendant un long bout de temps, Affrin se leva poussant un hurlement strident, courant vers le trou d’où sortait un gros panache de fumée et se jeta contre un rocher branlant situé plus haut sur la montagne, ses frères comprirent aussitôt et le suivirent, se jetant aussi sur le rocher, à eux trois ils le firent rouler sur le trou, puis un autre, et encore un autre,  causant un véritable éboulis. Bientôt un horrible charivari se fit entendre lorsque le dragon tenta de forcer la sortie, mais les garçons aidés par leurs parents et les villageois qui, enhardis, les rejoignaient, firent rouler l’équivalent d’une petite colline sur la sortie du nid. Bien courte histoire à vrai dire et faible exploit ....

     

    Le soir même les Aïns, se sentant bien peu dignes de toute l’attention que leur accordaient les villageois, furent fêtés, courtisés. Entre eux ils se disaient des choses du genre, « Bah, on n’a pas fait grand-chose, mais si ça leur fait plaisir … » C’est ainsi que les Aïns s’installèrent dans la région prenant le nom de PerdDragon, les fils épousèrent de jolies filles et leurs enfants furent toujours un peu plus grands que ceux des autres villageois. Ils devinrent habiles à extraire des pierres précieuses, transmettant cet art à leurs descendants. Certains d’entre eux connurent une grande célébrité en accueillant une princesse aux cheveux noirs comme la nuit et à la peau blanche comme la neige et que sa belle mère pourchassait d’une violente haine, mais ceci est une autre histoire.


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    Il y a bien longtemps, dans un pays tellement éloigné dans le temps et l’espace que nul n’en garde plus aucun souvenir, excepté quelques rares grands enfants, vivait Petit Jean.

     

    C’était le fils dernier né d’un humble couple, si pauvre et misérable que la famille entière vivait au fin fond  d’une grotte en un lieu de broussailles ignoré de tous. Cette grotte était sombre et humide : le jour n’y pénétrait que par l’entrée fort étroite donnant sur un long couloir de granite, difficile à travailler. Mais là, demeuraient six personnes. Les parents et leurs quatre enfants. Vint à mourir le père. La mère Jacquine n’avait pour faire vivre ses enfants, trois jolies filles et un garçonnet rêveur et débrouillard, que le maigre résultat de son métier à tisser. Le chanvre ne se cultive pas facilement pour une femme seule et voyez-vous le coton était encore ignoré en ces contrées, quant à la soie, elle n’était  que le vague rêve d’un papillon ne devant éclore que quelques décennies plus tard.

     

     

    Une nuit que Petit Jean s’était sauvé de la grotte familiale et qu’il rêvassait au bord de l’eau, s’imaginant vivre sur la lune dorée, il vit voltiger quantité de lucioles brillantes et pleines de gaieté dans leur sarabande effrénée. En son cerveau aussitôt une idée vit le jour « et si je ramenais ces lumières dans la grotte afin que l’on y voit et que maman et les sœurs puissent filer et tisser pendant que je ramasse le bois, les champignons et que je pêche ». Et voilà notre Petit Jean, plein d’entrain, chercher à nouer de longues herbes souples afin d’un faire une cage à mailles serrées. Il se voyait déjà tout fier ramener de la lumière et espérait-il un peu de chaleur et de gaieté dans la triste demeure.

     

    La cage fut vite prête, mais une fois tissée, et la petite porte nouée, Petit Jean eut beau courir et sauter, les lucioles ne se laissaient pas piéger. Il courut et sauta aussi longtemps qu’il le put et les lucioles, semblant se prendre au jeu formaient autour de lui un nuage de lumière voltigeant joliment  avec lui. Au matin, les premières lueurs chassèrent les étincelles de la nuit et Petit Jean fatigué, mais toujours décidé se coucha sur la mousse. Il sombra dans le sommeil et dormit ainsi une bonne partie de la matinée. Ce furent les cris inquiets de sa mère et de ses sœurs qui le ramenèrent à la conscience. En pleurs il raconta son idée et sa vaillante poursuite nocturne. Aussitôt les filles et leur mère voyant les pieds ensanglantés et les griffures innombrables sur les bras, l’entourèrent, le consolèrent et essayèrent, en vain, de lui faire croire qu’il ne fallait pas s’inquiéter, et que « allez, on va s’en sortir et après tout on est heureux, non ? puisqu’on est tous ensemble. ».

     

    Malgré toutes les cajoleries et les recommandations de la mère, Petit Jean retourna, la nuit suivante, au bord de l’eau guetter les lucioles. En chemin il croisa une petite araignée grise, les pattes engluées dans une sorte de résine et qui se débattait furieusement. Il lui sembla se voir se débattre dans son combat pour ramener les lucioles à la maison, les pieds collés au sol, incapable de bondir assez haut. Pris de pitié, il cueillit un brin d’herbe  et délicatement dégagea la prisonnière. Celle-ci peu farouche grimpa aussitôt sur sa main et escalada ses cheveux pour se jucher sur son oreille.

     

    Amusé Petit Jean voulut reposer la singulière cavalière quand celle-ci se mit à parler d’une voix semblable au vent dans la prairie « Nous t’avons vu la nuit dernière »

    « Oh … » fit-il, car, que dire d’autre dans ces cas-là ?

    «Je veux te remercier, ramène moi chez moi et mes sœurs et moi te tisserons un filet  léger et solide que tu jetteras sur les lucioles. Je ne sais si cela suffira, mais c’est le mieux que je puisse faire ». Petit Jean sur les indications de Chalima (et oui, les araignées aussi ont des noms !) S’enfonça dans la forêt et au cœur de celle-ci, dans un taillis impénétrable il découvrit la forteresse des araignées : un enchevêtrement argenté de toiles épaisses et presque infranchissable. À  l’orée de ces murs de toiles, il s’endormit pour la nuit pendant que les tisseuses préparaient un filet à lucioles. Au matin il fut réveillé par le chatouillis de petites pattes qui posaient devant son nez un rouleau argenté. Ravi il le déplia, fin comme une dentelle, léger comme un souffle d’air, solide comme l’acier et grand comme quatre mains : son piège était parfait.

     

     La nuit suivante une grosse grenouille, grasse et l’œil mauvais partageait la veille de Petit Jean, blottie entre les roseaux, elle se tenait cachée de tous. Quand la danse lumineuse recommença, Petit Jean s’invita au milieu des lucioles et le jeu –qui n’en était pas un pour Petit Jean- reprit comme la veille. Les lucioles, ignorant la présence attentive de leur ennemie voltigeaient en tous sens et Petit Jean sautait, mais le filet ratait toujours les proies convoitées.  Petit Jean déçu s’assit et regarda le ballet aérien. Puis d’un coup, le nuage passa au dessus des roseaux et une longue langue suivie du bond gigantesque d’une grenouille monstrueuse captura trois lucioles. Les autres se précipitaient sur le corps de la grenouille, le bombardant de leurs petits corps, mais la grenouille narquoise ne bougeait pas et contrairement à ses congénères, ne se hâtait pas pour gober ses petites proies, semblant bien au rebours les admirer tout à loisir avant que d’en faire son repas. 

     

    Petit Jean, sans trop bien savoir pourquoi, sinon qu’il n’était pas juste que la grenouille mange ces jolies lumières alors que lui qui les voulait seulement admirer et ramener chez lui, ne les pouvait attraper, se jeta sur la goulue. Sur un Crôâââ indignée, probablement dû au fait que Petit Jean en lui sautant dessus lui comprima l’estomac, elle se sauva, libérant les petites prises. Sonnées celles-ci tombèrent au sol, mais au lieu de les capturer, Petit Jean se mit à les regarder de plus près. Et là ! Stupeur, maintenant que les lumières étaient éteintes il put enfin les voir, pour de vrai. Il s’agissait de minuscules petits êtres semblables à des enfants avec quatre ailes transparentes. 

     

    Décidément, rien donc dans ce monde n’était ce qu’il paraissait ? Les araignées parlaient et avaient des forteresses, les lucioles étaient des … des quoi au fait ? Ou  qui ?

    « Des fées, Petit Garçon, nous sommes des fées »

    « Oh ! » Fit-il car il n’avait pas trop de conversation, ce n’était qu’un petit garçon après tout !

    « Et tu viens de sauver une de mes filles, Muguet,  avec ses deux suivantes »

    « Ah » Fit-il, car il n’avait toujours pas plus de conversation.

    « Nos enfants sont trop faibles pour affronter la lumière du Soleil et ne peuvent sortir que la nuit, mais les dangers sont grands. »

    « Euh ? .. » Toujours ce problème de conversation. Je suis sûre qu’une fille s’en serait mieux tirée.

    Mais Liriandra, la reine, semblait comprendre ces sons.

    « Alors, comment te remercier ? »

    « Lumière … euh, je voulais de la lumière, mais pas faire de mal. »

    «Oooh …. » là, c’était la reine et elle semblait songeuse.

    « .. Chalima m’a donné le filet, il est joli » dit-il passant du coq à l’âne. « Je vais le donner à maman. Je ne chercherai plus à vous capturer, c’était pour éclairer la grotte »

    « Une grotte ??? » Liriandra semblait affolée « Malheureux, les chauves souris, sauve-toi, elles sont dangereuses !!!!!! »

    « Pas pour des humains, pis, y’en a pas, alors …, des chauves souris je veux dire. Y en a pas de chauves souris. »

    Liriandra semblait intéressée au plus haut point.

    « Parle-moi de cette Chalima petit garçon. »

    Et Petit Jean raconta tout ce qu’il savait du peuple araignée et de la forteresse construite pour repousser tous les animaux gloutons d’araignées et de la gentillesse de Chalima.

    « Rentre chez toi petit d’homme, une de mes filles te suivra pour connaître ta grotte et demain je viendrai parler à ta mère, à la tombée de la nuit »

     

    Petit Jean rentré chez lui réveilla ses sœurs : Lizyna, Bellusine et Kossimette, ainsi que sa mère. Il leur raconta toute son histoire, l’araignée et la forteresse, et la grenouille, et les fées, et la promesse. Les quatre étaient inquiètes : et si les fées voulaient leur prendre la grotte, ou si elles estimaient que Petit Jean connaissait un secret qu’il aurait dû ignorer, et si les araignées venaient aussi. Ou si les fées venaient et trouvaient que la grotte était sale et que les humains étaient des dégoutants, ou si , … ou si ..., ou si …

    Toute la journée, à la faible lueur venue de la fente servant à évacuer la fumée lorsqu’on faisait un feu dans la grotte,  la famille s’activa, chassant la poussière, rangeant les trois affaires, briquant les écuelles, rangeant dans un sens, puis dans l’autre, déplaçant là pour mettre ailleurs les paillasses d’herbe, puis les remettant, cueillant des roseaux pour joncher le sol, ramassant quelques coucous pour faire un bouquet.

     

    De tout ce temps,  la mère et les sœurs ne purent filer ou tisser tant leurs mains tremblaient. Et à la tombée de la nuit, Jacquine,  Lizyna, Bellusine, Kossimette et Jean attendaient devant l’entrée de la grotte. Quand un son à la fois lointain et tout proche retentit, un peu comme une légère brise dans la prairie, accompagné de quelques tintements de clochettes. Puis vint une lumière, des milliers et des milliers de lucioles dansaient, chantaient, au sol un tapis d’araignées en mouvement ondoyait vers la grotte. Mais la petite famille ne bougea pas, car que faire sinon ?  Puis Liriandra parla, longtemps et sa voix et son discours apaisa toutes les craintes. Puis Chalima aussi parla et sa courtoisie séduisit Jacquine.

     

    De ce jour-là, dans les grottes les plus reculées à la suite de la demeure humaine, se construisit la forteresse de Chalima, dans les autres, les lucioles/fées enfants s’installèrent, attendant d’être assez grandes pour affronter la lumière du jour. En guise de bons échanges, les tisseuses apprirent aux fillettes comment tisser une toile semblable à un voile avec les fils d’araignées. Et les fées donnèrent leur belle lumière dans les grottes, ainsi toutes ces toiles devinrent de la couleur de l’or. Ces magnifiques étoffes devinrent célèbres dans toute la contrée, apportant richesse et renommée et personne n’en connut jamais le secret, hormis vous et moi, bien sûr. La famille s’agrandit avec le mariage des filles, et des grottes furent creusées toujours plus loin, toujours baignées de lumières et toujours parées de voiles diaphanes. Et pour ce que j’en sais, il en est toujours ainsi. 

     

    Petit Jean ? Il ne voulut pas grandir et les fées lui apprirent à voler, on le voyait souvent en compagnie de Muguet, voler de nuit, riant comme un enfant heureux. Certains savants écrivirent des histoires à son sujet et commencèrent à l’étudier. Certains même, prétendirent que son nom fut transformé au fil des temps et que Petit devint Peter : Peter Jean, mais qu’un copiste maladroit se serait trompé et aurait transformé le Je de Jean en P. Quelle drôle d’idée, vraiment !


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  • Il y a bien longtemps de cela, la fée de l’Aube se promenant sur un rayon de soleil entendit pleurer un petit enfant. Elle  tenta de savoir les raisons de ces pleurs. Un garçonnet sentait trembler une dent et il avait peur qu’elle tombe suivie de toutes les autres. La fée de l’aube était bien jeune encore et avait le cœur tendre. Elle convoqua toutes les fées, les animaux et les éléments afin de leur demander ce que l’on pourrait faire. Dès le début l’éléphant, le morse,  le narval et d’autres décidèrent que le sujet ne les concernait pas et s’en allèrent. Certaines fées avaient à faire ailleurs et partirent. D’autres se souvenant de leur jeunesse décidèrent de l’aider. Après de longues discussions il fut décidé  que lorsqu’un enfant perdrait une dent il recevrait une piécette pour le réconforter. Une piécette de cuivre dorée et brillante comme le soleil. La question se posait de savoir comment le sou serait délivré.

     

    À ce moment là, les  animaux sauvages partirent. Les histoires des hommes ne les intéressaient pas. Tous les gros animaux domestiques s’en allèrent ainsi que les animaux aquatiques, et bien d’autres encore qui n‘auraient pu remplir cette mission. Ne restaient que les oiseaux, les chiens, les chats et les éléments. Le vent dit,

    « Je peux passer partout sous les portes, par les cheminées, je suis rapide et silencieux »

    L’Aurore demanda

    « Comment porteras-tu la pièce, et qui fera ton travail pendant ce temps ? »

    Le vent s’en alla lui aussi. Le feu se proposa, mais l’on eut trop peur qu’il n’incendie tout sur son passage, l’eau aurait tout noyé et la terre  tout enseveli, les oiseaux ne pouvaient pas : construire un nid, voler, chanter, nourrir des oisillons affamés tout cela prend trop de temps. Face aux fées ne restaient que les chiens, les chats et ignorée de tous, une petite souris, Sitha. Celle-ci passait son temps à brosser et entretenir sa queue, un magnifique panache semblable à celui des écureuils. Les souris étaient ainsi naguère. Le chat se leva, majestueux, s’étira et miaula qu’il était discret, intelligent et que c’était là un travail qu’il pouvait faire.

     

    Les fées mirent un morceau de soleil et un sou de cuivre dans un grand chaudron et firent chauffer le tout, créant une pièce brillante comme l’astre du jour  et légère comme l’air. Dérus, le chat saisit la pièce entre ses dents et lentement se dirigea  vers la fée de l’aube, d’un coup de baguette celle-ci enchanta la pièce. D’elle-même elle dirigerait le porteur, et une fois déposée à destination il en viendrait une autre pour le prochain enfant. .

     

    Le chat partit  remplir son office, au début tout se passa bien, il dédaigna les oisillons et les  bestioles trottinant dans les coins. Il ne s’arrêta même pas pour faire sa toilette. Et lorsqu’il arriva dans la chambre où dormait un petit enfant, il souleva délicatement l’oreiller, s’empara de la dent et posa la pièce sous l’oreiller. La dent disparut dans une lueur bleue et à la place une nouvelle pièce parut. Le chat allait la saisir quand il regarda un peu mieux la couette profonde.

    « Allons, se dit-il, ce n’est pas un petit somme de quelques minutes qui va causer du tort »

    Il pétrit soigneusement la couette des ses pattes avant, faisant un trou douillet et s’y allongea, ronronnant. Le chien là-haut, aboyait et jappait pour le réveiller. Les fées trépignaient, mais rien n’y faisait. La souris intéressée délaissa sa toilette. Mais, non,  Dérus dormait déjà. Les fées se décidèrent et en quelques mouvements de baguettes le chien fut envoyé dans la chambre. Il se saisit de la pièce abandonnée sur la couette, et poussant la porte s’en fut vers la prochaine destination. Mais le chat se réveilla, comprit ce qui se passait et furieux poursuivit le chien, le rattrapant sur un pont, il lui sauta sur le dos miaulant, crachant :

    « Voleur, voleur, fuyard

    Et le chien de répondre

    « Paresseux, feignant

    Et la pièce tomba, roulant, rebondissant, disparaissant dans l’onde furieuse.  Les deux bagarreurs se regardèrent consternés. Le chien sauta dans l’eau, mais las, la pièce était introuvable. Le chien chercha, chercha à s’en épuiser et n’eut été le chat qui fit tomber une branche en travers du ruisseau, aurait bien pu finir noyé. Penauds les animaux comparurent devant les fées. Elles étaient aussi furieuses qu’inquiètes.

    « Quand la pièce est tombée dans l’eau, elle a été emportée, puis s’est échouée devant la grotte de Hénaki. »

    « Hénaki ? » couina la petite souris, mais personne ne l’entendit, le chat miaulait, crachait, le chien aboyait, grondait et les fées se lamentaient. Au milieu de tout ce bruit Sitha entendit les mots Roi et Dragons. Sa queue se hérissa et son museau se plissa de peur. Mais curieuse, elle resta. Aube tremblante  annonça

    « Puisque c’est mon idée, je vais aller lui réclamer la pièce. Il ne peut pas, ne doit pas la garder. Il se moque bien de la magie de la pièce, la seule chose qu’il veut, c’est accumuler des richesses, de l’or, de l’argent et des joyaux. Si je lui échange contre de l’or peut-être la rendra-t-il ? »

     

    Mais rien n’y fit. Hénaki refusa de seulement entendre Aube, à peine s’était-elle approchée de la grotte qu’il sortit, crachant du feu, tempêtant et hurlant qu’il ferait rôtir quiconque s’approcherait de lui, car disait-il il avait trouvé un grand trésor, une pièce aussi brillante que le soleil et qu’il savait bien qu’on la voulait  prendre. Là-dessus, il était retourné dans la grotte, se couchant devant l’entrée bouchant tout passage. Personne ne pouvait ou ne voulait aller à la recherche de la pièce. Le vent craignait le roi des dragons, car celui-ci commande aux tempêtes et à tous les éléments de l’air les plus violents. Le feu ne pouvait rien contre Hénaki, lui-même élément de feu.  Hénaki roi des dragons régnait sur les dragons des eaux et celle ci craignait les tempêtes déchaînées par les soldats du Roi Dragon. La terre ne pouvait rien contre les rochers des grottes. Les fées mourraient  si elles s’approchaient trop des flammes des dragons. Le chat et le chien voulaient y aller, mais les fées refusaient voyant bien qu’il n’y avait pas moyen pour eux de pénétrer dans l’antre du dragon. Il fut convenu d’attendre la prochaine sortie de Hénaki et d’envoyer le chat, si cela pouvait se faire. Dans le silence suivant cette annonce on entendit une petite voix  affirmer

    « Je peux le faire moi » c’était Sitha

    Le chat souffla de mépris et le chien aboya de rire si fort que la petite souris sursauta et fila se cacher dans les jupes de Iris la fée des arcs en ciel. Mais Sitha répétait

    « Je peux le faire, je peux le faire » Encore et encore, si bien que juste pour la faire taire on accepta de l’écouter

    « Je suis petite, dès que le dragon dormira, je me faufilerai, moi je trouverai bien la place de passer, la pièce je la prendrai dans mes dents et en même pas le temps qu’il faut à Dérus pour s’endormir je serai sortie de la grotte avec la pièce. Et puis, qu’avez-vous à perdre ? Ce ne sera pas un drame si le dragon me croque. » Tant et tant qu’à la fin Aube, Aurore et Iris cédèrent.

     

    Il en fut fait ainsi, et tout se passa sans difficulté aucune. Posée à quelques lieues de la grotte en compagnie de Kiro le chien, elle se jucha sur son dos et en peu de temps ils furent en vue des fumées s’échappant de l’antre. Kiro s’arrêta laissant descendre la souris. Sitha filait comme le vent, sans prendre la peine de réfléchir, sinon elle savait bien qu’elle aurait fait demi-tour. Devant l’entrée de la grotte tout se passa comme prévu, il y avait un petit espace entre les pattes de Hénaki, juste suffisant pour passer. Dans la grotte, il y avait des montagnes d’or, de bijoux, mais, à part, dans un coin, sur un coffre : la Pièce. Sitôt vue, sitôt saisie. Le dragon dormait, lâchant des petits jets de feu. Prenant son courage à 4 pattes Sitha se résolut à sortir. Hénaki ronflait et bavait dans son sommeil. Sitha se mit à courir de plus en plus vite, tous poils hérissés, queue dressée, passant au ras du mufle du dragon, tellement proche que la queue chatouilla les naseaux fumants, déclenchant un éternuement terrible, accompagné d’une colonne de feu. Les flammes roussirent le dos et la queue de Sitha, la laissant toute pelée. Heureuse de s’en tirer à si bon compte la souris courut se blottir contre Kiro attendant la venue des fées.

     

    Plus tard, réconfortée, nettoyée, fêtée les fées lui demandèrent ce qu’ elle désirait le plus au monde

    « Je veux porter les pièces aux enfants, je me faufile partout, je suis silencieuse et même un dragon ne peut m’arrêter

    Les fées éclatèrent de rire et lui donnèrent le titre de petite souris des dents. Aube voulut soigner son pauvre panache tout déplumé mais Sitha refusa, déclarant qu’elle porterait désormais cette blessure comme une décoration, souvenir de sa bagarre avec un dragon. C’est depuis ce temps  que les souris sont telles qu’elles sont et qu’elles mettent des pièces sous les oreillers des enfants la nuit.

     


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    Il y a bien longtemps l’Hiver venait sur le monde partout en même temps, du Nord au Sud. Quand venait le temps de la froidure, la glace s’abattait sur le monde, et tout s’endormait, hibernait, les hommes comme les marmottes, les girafes comme les ours. Ensuite les beaux jours venaient et le monde s’éveillait pour vivre un beau printemps, un été lumineux  et un automne chaleureux. Mais la Glace en eut assez. Descendre à la fin de l’automne, puis fondre aux beaux jours et recommencer, année après année voilà qui la mettait en colère.

     

    Aussi, lorsque vint la fin de l’automne avant  l’Hiver, que la Glace se fut formée dans le ciel, prête à s’abattre sur le sol, elle décida de rester là-haut : plus près des étoiles, au dessus des vents, loin de la boue. Et voilà que le monde fut privé de soleil car la glace le cachait, plus de lune non plus et pas moyen d’hiberner la glace n’offrait plus sa blanche couverture. Les hommes, malheureux se terraient dans les huttes tentant misérablement de se chauffer auprès de leurs feux. Tout dépérissait. Les animaux enrageaient.  Mais que faire ?

     

    Alors ils se réunirent, parlèrent beaucoup. L’éléphant dit :

    « J’ai essayé avec ma trompe de casser le toit de glace, mais malgré ma force, je ne peux atteindre la glace.

    La girafe ajouta :

    « J’ai un long cou, mais je n’atteins pas la glace non plus.

    Alors la girafe monta sur le dos de l’éléphant, mais cela ne suffisait pas. Le kangourou sauta et sauta encore, mais là non plus ce n’était pas assez. Alors il monta sur le dos de la girafe, sur le dos de l’éléphant, et sauta, mais cela ne suffisait pas.

    L’aigle arriva et dit :

    « Je vais monter très haut et à coups de bec j’attaquerai la glace. 

    Il monta, monta si haut qu’il put mais cela n’était pas assez, il y perdait ses forces. Alors l’hirondelle monta sur le dos de l’aigle qui monta le plus haut possible et là l’hirondelle s’envola, mais cela n’était pas assez, alors l’oiseau mouche monta sur le dos de l’hirondelle, sur le dos de l’aigle mais cela ne suffit pas.

     

    Les animaux commençaient à se dire que tout était perdu, lorsqu’on vit arriver de tous les points cardinaux des cohortes de fourmis, des petites, des grosses, des rousses, des brunes, des rouges, des blanches, des guerrières et des pacifiques. L’on eut dit que le sol lui-même était en marche. Elles venaient oubliant leurs guerres et leurs querelles, les clans ennemis se côtoyant.  Les plus grosses fourmis se serrèrent les unes contre les autres, créant une plate forme. Les animaux riaient, comment de si petites choses auraient pu réussir là où les autres échouaient. Malgré tout, parce que c’était la trêve, le fourmilier ne dégusta pas ces renforts dérisoires et les oiseaux gardèrent leurs becs fermés. Pendant ce temps, les fourmis indifférentes aux moqueries continuèrent leur œuvre. Un second niveau de fourmis monta sur le premier, puis encore un autre et encore, malgré tout, cela était bien peu, même pas une hauteur d’ongle d ‘éléphant. Mais les fourmis arrivaient toujours par milliers, millions, milliards. Et la pyramide montait, montait, à hauteur de genou de girafe, d’épaule,  de tête de kangourou sur le dos de la girafe, sur le dos de l’éléphant, puis à hauteur de vol d’aigle, et les fourmis arrivaient toujours. Certaines fourmis volantes faisaient des va et viens portant quelques secours aux fourmis blessées ou affamées. Bientôt les fourmis volantes durent aussi rentrer dans la pyramide, celle-ci était plus haute que n’avait pu aller l’oiseau mouche sur le dos de l’hirondelle, sur le dos de l’aigle. Puis les plus petites fourmis vinrent, minuscules mais vaillantes elles escaladaient la pyramide se rapprochant de plus en plus de la glace. En bas les autres animaux avaient cessé de ricaner et se demandait si cela suffirait et si c’était le cas comment les petites fourmis pourraient vaincre la glace.  Hélas, hélas, bien près de la glace, plus de fourmis, il manquait encore quelques hauteurs. Tout le monde se désolait et les fourmis commençaient à se dire qu’il allait falloir abandonner, lorsque venu d’en haut un petit cri, minuscule puis repris par une dizaine de minuscules bouches de fourmis, puis des milliers, des millions, des milliards :

    « Fourmis à l’horizon »

     

    Venues de l’autre bout du monde ayant marché sans jamais s’arrêter, venaient les fourmis à tête bleue, les plus timides de toutes les fourmis, vivant recluses au fond des cavernes. Malgré tout elles avaient entendu la rumeur. Une pyramide, la plus grande des pyramides, faite par des fourmis. Alors elles étaient venues. Malgré la fatigue, la faim et les blessures, elles escaladèrent les fourmis rouges, les noires, les blanches, les rousses. Et tout le monde acclamait les fourmis. Redressant leurs antennes, elles reprirent l’escalade. Et bientôt elles atteignirent le toit de glace. La plus petite et la plus frêle commença à coups de mâchoire, et découpa avec ses petites pattes une prise pour s‘installer, puis une autre vint et une autre Une araignée fila une longue cordelette que l‘on achemina à dos de fourmi et bientôt une corde pendit au toit de glace par laquelle les fourmis bleues se hissèrent creusant un tunnel à travers la glace.

     

    Les fourmis bleues se précipitaient le long de la corde, envahissaient le tunnel, se répandaient sur la glace. Mais en bas la pyramide commençait à vaciller. Les fourmis se sentaient écrasées, elles mouraient de faim, avaient mal au dos, aux jambes, bref petit à petit l’édifice chancelait, s’effondrait, et bien sûr, s’écroula. Seules les fourmis bleues avaient pu se rendre là-haut. Mais que pouvaient-elles faire, minuscules seules, face à cette montagne de glace. Déjà l’on parlait de recommencer en mettant en bas des scarabées, des araignées. Et certains hurlaient

    « Hé ho, là-haut, vous allez bien ?

    C’est alors que levant la tête pour voir les fourmis ils reçurent de drôles de petits morceaux de glace touts légers dans les yeux. Les fourmis continuaient sans désemparer là-haut, si haut. Et les morceaux chutaient vers le sol. Pour la première fois de l’histoire de la terre : il neigeait.

     

    Bientôt l’on vit des trouées dans la glace, et les flocons chutaient, chutaient, et l’on voyait le soleil. Les animaux se réjouirent. La plupart rentrèrent chez eux, mais ne purent hiberner la glace n’était plus la même. Depuis ce temps là, seuls les animaux restés à attendre les petites fourmis à tête bleue  pour les accueillir si elles redescendaient continuent à hiberner l’hiver.

     

    Et les fourmis bleues ? Elles restèrent près du soleil,  continuant à ronger le toit de glace, et parce qu’elles sont petites elles mettent toute l’année à faire le tour du ciel c’est pour cela que l’hiver n’arrive pas partout en même temps. Et quand elles ont fini leur cycle, elles recommencent. Elles se nourrissent du pollen porté par le vent, des rayons de soleil  et de la lumière de la lune. C’est ainsi qu’il n’y a plus de fourmis à tête bleue sur terre. Elles sont en haut, et quand tombe la neige, dites vous que ce sont leurs petites pattes et leurs petites bouches qui s’activent.

     

     


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  • Le jour de Noël, c’est le jour de vacances de Noël. Le seul jour de l’année où le Père Noël est au repos. Alors bien sûr il aimerait pouvoir en profiter. Mais ce n’est pas toujours facile. Les années précédentes Père Noël était tellement épuisé qu’il avait passé tous ces 25 décembre à se reposer. Mais cette année, grâces en soit rendu à l’informatique et aux coffrets cadeaux, la tâche s’était révélée moins exténuante que d’habitude. Ce 25 décembre-ci se révélait donc être un vrai jour de congé. Cela faisait plusieurs mois que le Père Noël avait compris ce qui allait advenir et qu’il réfléchissait à son emploi du temps. Voilà ce qui  avait été décidé : à force de livrer dans tous les endroits du monde, à traîneau, en voilier ou sur des skis nautiques, il avait une extraordinaire collection de moyens de transport, y compris une superbe planche de surf, aussi pour une fois voulait-il s’en servir pour le « fun » et non pour travailler, donc ses vacances se passeraient dans l’hémisphère Sud. Voilà  la grande décision du Père Noël : Il allait passer les 24 prochaines heures sur une plage australienne. Madame Noël, au courant de cela, a préparé le cadeau de Noël : un magnifique maillot de bain à rayures blanches et rouges et de la crème solaire en quantité. La nuit du 24 au 25 s’est passée dans une grande effervescence. Les rennes avaient senti l’excitation du Père Noël et celui-ci jubilait à chaque fois que sur sa liste il voyait écrit : livraison par Chronopost, ou coffret cadeau expédié à l’adresse indiquée. La nuit avait été plus courte que les années passées et le Père Noël était en pleine forme à l’issue de sa nuit de travail. Les rennes ruminaient paisiblement, Madame Noël bouclait la valise et Père Noël piaffait d’impatience.

     

    Monsieur et Madame Noël ont convoqué les vents du Nord qui les ont tranquillement déposés sur les plages de Byron Bay alors que personne encore ne se trouvait là. Madame Noël a déplié une serviette rouge qui s’est transformée en cabine de plage. Madame et Monsieur, à tour de rôle se sont engouffrés dans la petite cabane verte et rouge et en sont ressortis vêtus de superbes maillots venus tout droit de Deauville au temps des premiers bains de mer. Noël a pris sa planche sous le bras et s’est dirigé d’un pas rapide vers les vagues. La cabane soigneusement dépoussiérée par Madame étincelait sous le soleil. Et là un grand coup de sifflet prolongé :

    -Hey Papounet, tu te crois où ? Si tu montes sur ta planche tu vas la couler.

    Deux  surfeurs bronzés et musclés riaient gentiment en regardant ce vieux Monsieur vêtu bizarrement à la mode du siècle passé portant sous le bras une super planche de pro.  Mais Noël était pressé de profiter de ses vacances et ne les écoutait qu’à peine. Il pataugeait déjà dans les premières vagues, puis s’allongeait à plat ventre sur la planche, pagayant avec entrain. Sur la plage les deux surfeurs le regardaient avec amusement et admiration. C’est que le vieux était efficace et filait rapidement vers le large. Les deux gravures de mode se décidèrent et tentèrent de le rejoindre. Mais Noël était  loin dépassant déjà la barre, et hop, redressement et voilà Noël qui chevauche sa vague, hilare, bedaine et barbe au vent. Il ne faut pas oublier que Noël a commencé à distribuer des cadeaux dans les mers du Sud alors même que les planches étaient encore en bois, le He e’nalu Hawaïen que les petits sportifs regardaient de loin avant de se l’approprier. Et cela durait, des touristes filmaient, ébahis, Madame Noël tricotait une longue écharpe de laine blanche et or, les deux surfeurs du début lui faisaient une garde rapprochée, style gardes du corps décontractés.

     

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    Au bout de quelques vagues, Noël fatigué se reposait sirotant  du lait de renne glacé en regardant au loin et en rêvassant.

    C’est là qu’une toute petite voix venue d’un eucalyptus voisin lui fit dresser l’oreille.

    -  Tu crois que c’est le Père Noël ?

    -   Mais non, il a pas son manteau ni ses caribous !

    -  Pas des caribous, des rennes !

    -   C’est pareil, tais-toi et regarde, le père Noël y se met pas en maillot.

    Intrigué Noël se tourna vers les arbres et vit deux grandes paires d’yeux brillants et doux surmontant deux petits nez velus.

    -   Ah, ah, ah, mes petits amis que faites-vous là ?

    Pas du tout impressionnés  deux jeunes koalas descendirent à moitié de l’arbre, et grignotant quelques feuilles en parlant :

    -   On est venus en ville voir comment c’est. Depuis quelques jours tout le monde parle de Noël chez nous, alors on a voulu voir.

    -  Et qu’est-ce que vous avez vu ?

    -  Boh des gens qui achètent des tas de trucs, des lumières, des choses comme ça, mais rien pour nous.

    - Et qu’est-ce que vous auriez voulu mes petits ?

    -   On sait pas, juste quelque chose pour nous.

    Soudain parfaitement éveillé le Père Noël se sentit un peu fautif. Voilà que depuis des années et des années il offrait des cadeaux aux enfants d’homme et oubliait que certains animaux aussi voudraient un Noël.  Il jeta un coup d’œil à son épouse assoupie et avec une petite grimace enfila une chemise hawaïenne offerte par un des deux surfeurs, se colla une paire de lunette pêchée au fond de sa hotte (une hotte de voyage, petite mais pratique, toujours approvisionnée en un tas de choses surprenantes) et demanda aux koalas de le conduire chez eux.

     

    Chemin faisant il se demandait si cela faisait bien partie de ses attributions et, de toute façon, ce qu’il pourrait bien offrir à des koalas. Puis il se rappela qu’un enfant est un enfant, que ce n’est qu’une question d’âge. Et il songeait à ses rennes qu’il avait toujours considérés comme des enfants, les comblant d’attention, de caresses et d’amour. Et là, une idée commença à venir. Mais tellement imprécise qu’il l’oublia. Le Père Noël a une façon de voyager bien particulière, assez incompréhensible, mais tellement rapide. Aussi furent-ils vite arrivés à la forêt d’eucalyptus d’où les petits intrépides étaient partis. Accueillis par leurs mères, reniflés, cajolés, réprimandés d’une petite tape. Le Père Noël leur trouva tellement de ressemblance avec les petits d’homme que l’idée revint le titiller. Le Père Noël parle toutes les langues y compris celles des animaux et il ne fut pas difficile  de tout expliquer. Mais là encore la ressemblance avec les hommes étaient bien forte : les enfants croyaient facilement avoir à faire au Père Noël, mais les parents étaient plus difficiles à convaincre.

     

    Puis finalement vint la question :

    - Mais qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?

    Silence. Et encore :

    -  Mais qu’est-ce que vous aimez ?

    A part les eucalyptus et les câlins, pas grand-chose. Alors le Père Noël eut son idée :

    -   Je vais vous offrir de l’amour ! Dit-il tout fier

    Les koalas se regardaient sans comprendre. Le Gros Monsieur Rouge en chemise bizarre était-il devenu fou ? Mais il insista :

    -  Désormais, dans chaque peluche que j’apporterai à un enfant,  je mettrai un peu de magie, afin que tout l’amour que cet enfant donnera à une peluche revienne aux animaux. Ainsi en grandissant, il continuera d’aimer et protéger les animaux. Vous apportant  à vous et à vos enfants, à tous les animaux de la terre amour et protection. Avec le temps, vous vivrez tous en paix, et en confiance. Afin que vous soyez sûrs de ma parole, la nuit regardez dans les cieux La Grande Ourse, que l’on peut voir autant dans le Nord que dans le Sud, vous y verrez une étoile en plus. Votre étoile. Tant qu’elle brillera ce sera le signe que le Père Noël n’oublie pas l’amour qu’il porte à tous ses enfants, humains, rennes, koalas ou autres. Et seuls les animaux verront cette étoile.

    Et il éclata de son grand rire sonore. Ho ho ho ! Bien sûr les koalas n’avaient pas tout compris. La seule chose qu’ils avaient saisie, c’est qu’ils étaient aimés. Et cela suffisait à les rendre heureux.  Ils en plissaient leurs yeux et leurs museaux, petites peluches grises si douces.

     

    Quand il revint à la plage, Madame Noël ne s’était toujours pas réveillée et Noël bien embêté se demandait comment lui dire qu’il s’était absenté suffisamment longtemps sans la surveiller, ni la réveiller avant de partir pour que le nez et les pommettes de maman Noël soient devenus aussi rouges que le nez de Rudolph.

     

    Voilà, maintenant vous savez pourquoi, l’an prochain dans les cadeaux des enfants les peluches vous paraîtront plus adorables que jamais. Et vous saurez aussi que si par hasard à la place d’un sabre laser votre fils trouve un boomerang ou un didgeridoo à la place d’une guitare électrique c’est parce que le père Noël est parti en vacances au pays des kangourous. D’ailleurs pour décembre prochain, il a prévu de faire du deltaplane dans les Rocheuses.


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