• Conte : l’histoire de Petit Jean

     

    Il y a bien longtemps, dans un pays tellement éloigné dans le temps et l’espace que nul n’en garde plus aucun souvenir, excepté quelques rares grands enfants, vivait Petit Jean.

     

    C’était le fils dernier né d’un humble couple, si pauvre et misérable que la famille entière vivait au fin fond  d’une grotte en un lieu de broussailles ignoré de tous. Cette grotte était sombre et humide : le jour n’y pénétrait que par l’entrée fort étroite donnant sur un long couloir de granite, difficile à travailler. Mais là, demeuraient six personnes. Les parents et leurs quatre enfants. Vint à mourir le père. La mère Jacquine n’avait pour faire vivre ses enfants, trois jolies filles et un garçonnet rêveur et débrouillard, que le maigre résultat de son métier à tisser. Le chanvre ne se cultive pas facilement pour une femme seule et voyez-vous le coton était encore ignoré en ces contrées, quant à la soie, elle n’était  que le vague rêve d’un papillon ne devant éclore que quelques décennies plus tard.

     

     

    Une nuit que Petit Jean s’était sauvé de la grotte familiale et qu’il rêvassait au bord de l’eau, s’imaginant vivre sur la lune dorée, il vit voltiger quantité de lucioles brillantes et pleines de gaieté dans leur sarabande effrénée. En son cerveau aussitôt une idée vit le jour « et si je ramenais ces lumières dans la grotte afin que l’on y voit et que maman et les sœurs puissent filer et tisser pendant que je ramasse le bois, les champignons et que je pêche ». Et voilà notre Petit Jean, plein d’entrain, chercher à nouer de longues herbes souples afin d’un faire une cage à mailles serrées. Il se voyait déjà tout fier ramener de la lumière et espérait-il un peu de chaleur et de gaieté dans la triste demeure.

     

    La cage fut vite prête, mais une fois tissée, et la petite porte nouée, Petit Jean eut beau courir et sauter, les lucioles ne se laissaient pas piéger. Il courut et sauta aussi longtemps qu’il le put et les lucioles, semblant se prendre au jeu formaient autour de lui un nuage de lumière voltigeant joliment  avec lui. Au matin, les premières lueurs chassèrent les étincelles de la nuit et Petit Jean fatigué, mais toujours décidé se coucha sur la mousse. Il sombra dans le sommeil et dormit ainsi une bonne partie de la matinée. Ce furent les cris inquiets de sa mère et de ses sœurs qui le ramenèrent à la conscience. En pleurs il raconta son idée et sa vaillante poursuite nocturne. Aussitôt les filles et leur mère voyant les pieds ensanglantés et les griffures innombrables sur les bras, l’entourèrent, le consolèrent et essayèrent, en vain, de lui faire croire qu’il ne fallait pas s’inquiéter, et que « allez, on va s’en sortir et après tout on est heureux, non ? puisqu’on est tous ensemble. ».

     

    Malgré toutes les cajoleries et les recommandations de la mère, Petit Jean retourna, la nuit suivante, au bord de l’eau guetter les lucioles. En chemin il croisa une petite araignée grise, les pattes engluées dans une sorte de résine et qui se débattait furieusement. Il lui sembla se voir se débattre dans son combat pour ramener les lucioles à la maison, les pieds collés au sol, incapable de bondir assez haut. Pris de pitié, il cueillit un brin d’herbe  et délicatement dégagea la prisonnière. Celle-ci peu farouche grimpa aussitôt sur sa main et escalada ses cheveux pour se jucher sur son oreille.

     

    Amusé Petit Jean voulut reposer la singulière cavalière quand celle-ci se mit à parler d’une voix semblable au vent dans la prairie « Nous t’avons vu la nuit dernière »

    « Oh … » fit-il, car, que dire d’autre dans ces cas-là ?

    «Je veux te remercier, ramène moi chez moi et mes sœurs et moi te tisserons un filet  léger et solide que tu jetteras sur les lucioles. Je ne sais si cela suffira, mais c’est le mieux que je puisse faire ». Petit Jean sur les indications de Chalima (et oui, les araignées aussi ont des noms !) S’enfonça dans la forêt et au cœur de celle-ci, dans un taillis impénétrable il découvrit la forteresse des araignées : un enchevêtrement argenté de toiles épaisses et presque infranchissable. À  l’orée de ces murs de toiles, il s’endormit pour la nuit pendant que les tisseuses préparaient un filet à lucioles. Au matin il fut réveillé par le chatouillis de petites pattes qui posaient devant son nez un rouleau argenté. Ravi il le déplia, fin comme une dentelle, léger comme un souffle d’air, solide comme l’acier et grand comme quatre mains : son piège était parfait.

     

     La nuit suivante une grosse grenouille, grasse et l’œil mauvais partageait la veille de Petit Jean, blottie entre les roseaux, elle se tenait cachée de tous. Quand la danse lumineuse recommença, Petit Jean s’invita au milieu des lucioles et le jeu –qui n’en était pas un pour Petit Jean- reprit comme la veille. Les lucioles, ignorant la présence attentive de leur ennemie voltigeaient en tous sens et Petit Jean sautait, mais le filet ratait toujours les proies convoitées.  Petit Jean déçu s’assit et regarda le ballet aérien. Puis d’un coup, le nuage passa au dessus des roseaux et une longue langue suivie du bond gigantesque d’une grenouille monstrueuse captura trois lucioles. Les autres se précipitaient sur le corps de la grenouille, le bombardant de leurs petits corps, mais la grenouille narquoise ne bougeait pas et contrairement à ses congénères, ne se hâtait pas pour gober ses petites proies, semblant bien au rebours les admirer tout à loisir avant que d’en faire son repas. 

     

    Petit Jean, sans trop bien savoir pourquoi, sinon qu’il n’était pas juste que la grenouille mange ces jolies lumières alors que lui qui les voulait seulement admirer et ramener chez lui, ne les pouvait attraper, se jeta sur la goulue. Sur un Crôâââ indignée, probablement dû au fait que Petit Jean en lui sautant dessus lui comprima l’estomac, elle se sauva, libérant les petites prises. Sonnées celles-ci tombèrent au sol, mais au lieu de les capturer, Petit Jean se mit à les regarder de plus près. Et là ! Stupeur, maintenant que les lumières étaient éteintes il put enfin les voir, pour de vrai. Il s’agissait de minuscules petits êtres semblables à des enfants avec quatre ailes transparentes. 

     

    Décidément, rien donc dans ce monde n’était ce qu’il paraissait ? Les araignées parlaient et avaient des forteresses, les lucioles étaient des … des quoi au fait ? Ou  qui ?

    « Des fées, Petit Garçon, nous sommes des fées »

    « Oh ! » Fit-il car il n’avait pas trop de conversation, ce n’était qu’un petit garçon après tout !

    « Et tu viens de sauver une de mes filles, Muguet,  avec ses deux suivantes »

    « Ah » Fit-il, car il n’avait toujours pas plus de conversation.

    « Nos enfants sont trop faibles pour affronter la lumière du Soleil et ne peuvent sortir que la nuit, mais les dangers sont grands. »

    « Euh ? .. » Toujours ce problème de conversation. Je suis sûre qu’une fille s’en serait mieux tirée.

    Mais Liriandra, la reine, semblait comprendre ces sons.

    « Alors, comment te remercier ? »

    « Lumière … euh, je voulais de la lumière, mais pas faire de mal. »

    «Oooh …. » là, c’était la reine et elle semblait songeuse.

    « .. Chalima m’a donné le filet, il est joli » dit-il passant du coq à l’âne. « Je vais le donner à maman. Je ne chercherai plus à vous capturer, c’était pour éclairer la grotte »

    « Une grotte ??? » Liriandra semblait affolée « Malheureux, les chauves souris, sauve-toi, elles sont dangereuses !!!!!! »

    « Pas pour des humains, pis, y’en a pas, alors …, des chauves souris je veux dire. Y en a pas de chauves souris. »

    Liriandra semblait intéressée au plus haut point.

    « Parle-moi de cette Chalima petit garçon. »

    Et Petit Jean raconta tout ce qu’il savait du peuple araignée et de la forteresse construite pour repousser tous les animaux gloutons d’araignées et de la gentillesse de Chalima.

    « Rentre chez toi petit d’homme, une de mes filles te suivra pour connaître ta grotte et demain je viendrai parler à ta mère, à la tombée de la nuit »

     

    Petit Jean rentré chez lui réveilla ses sœurs : Lizyna, Bellusine et Kossimette, ainsi que sa mère. Il leur raconta toute son histoire, l’araignée et la forteresse, et la grenouille, et les fées, et la promesse. Les quatre étaient inquiètes : et si les fées voulaient leur prendre la grotte, ou si elles estimaient que Petit Jean connaissait un secret qu’il aurait dû ignorer, et si les araignées venaient aussi. Ou si les fées venaient et trouvaient que la grotte était sale et que les humains étaient des dégoutants, ou si , … ou si ..., ou si …

    Toute la journée, à la faible lueur venue de la fente servant à évacuer la fumée lorsqu’on faisait un feu dans la grotte,  la famille s’activa, chassant la poussière, rangeant les trois affaires, briquant les écuelles, rangeant dans un sens, puis dans l’autre, déplaçant là pour mettre ailleurs les paillasses d’herbe, puis les remettant, cueillant des roseaux pour joncher le sol, ramassant quelques coucous pour faire un bouquet.

     

    De tout ce temps,  la mère et les sœurs ne purent filer ou tisser tant leurs mains tremblaient. Et à la tombée de la nuit, Jacquine,  Lizyna, Bellusine, Kossimette et Jean attendaient devant l’entrée de la grotte. Quand un son à la fois lointain et tout proche retentit, un peu comme une légère brise dans la prairie, accompagné de quelques tintements de clochettes. Puis vint une lumière, des milliers et des milliers de lucioles dansaient, chantaient, au sol un tapis d’araignées en mouvement ondoyait vers la grotte. Mais la petite famille ne bougea pas, car que faire sinon ?  Puis Liriandra parla, longtemps et sa voix et son discours apaisa toutes les craintes. Puis Chalima aussi parla et sa courtoisie séduisit Jacquine.

     

    De ce jour-là, dans les grottes les plus reculées à la suite de la demeure humaine, se construisit la forteresse de Chalima, dans les autres, les lucioles/fées enfants s’installèrent, attendant d’être assez grandes pour affronter la lumière du jour. En guise de bons échanges, les tisseuses apprirent aux fillettes comment tisser une toile semblable à un voile avec les fils d’araignées. Et les fées donnèrent leur belle lumière dans les grottes, ainsi toutes ces toiles devinrent de la couleur de l’or. Ces magnifiques étoffes devinrent célèbres dans toute la contrée, apportant richesse et renommée et personne n’en connut jamais le secret, hormis vous et moi, bien sûr. La famille s’agrandit avec le mariage des filles, et des grottes furent creusées toujours plus loin, toujours baignées de lumières et toujours parées de voiles diaphanes. Et pour ce que j’en sais, il en est toujours ainsi. 

     

    Petit Jean ? Il ne voulut pas grandir et les fées lui apprirent à voler, on le voyait souvent en compagnie de Muguet, voler de nuit, riant comme un enfant heureux. Certains savants écrivirent des histoires à son sujet et commencèrent à l’étudier. Certains même, prétendirent que son nom fut transformé au fil des temps et que Petit devint Peter : Peter Jean, mais qu’un copiste maladroit se serait trompé et aurait transformé le Je de Jean en P. Quelle drôle d’idée, vraiment !

    « encore Lin Yu chunle roman de ma motopompe ou les joies des vieilles maisons à la campagne »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 16 Mai 2012 à 06:41
    Lolo

    c'est une magnifique histoire !!! bravo, quelle imagination !!! bisous et bonne journée

    2
    Mercredi 16 Mai 2012 à 06:46
    Aline

    Mais que ça me manquait!!!Merci!!! Belle histoire que voilà!!! Enormes bisous et bonne journée!!!

    3
    Mercredi 16 Mai 2012 à 09:07
    kiwi

    En voilà une belle histoire , çà faisait un moment !

    Toujours beaucoup d'imagination et les noms des personnages j'adoooorrreee :-*

    4
    Mercredi 16 Mai 2012 à 09:19
    careli

    merci beaucoup

    5
    Mercredi 16 Mai 2012 à 09:58
    loulou

    ha!!!! ça faisait longtemps que tu n'avais pas remis des belles histoires!!! très très jolie celle ci, j'aime beaucoup!!! et hop, un petit copié collé pour la lire a super héros (je peux te la piquer?? juste pour moi, pas pour mettre autre part, promis!!!)

    bisous ma bichette et passe une belle journée!!

    6
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:01
    lafouinecrochette

    Merci , merci beaucoup j'adore tes histoires, je me laisse porter et voyage dans ce monde magique, j'adore, je suis une grande enfant bisous

    7
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:14
    careli

    bon voilou, voilou, t'as ton histoire maintenant !!!

    8
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:15
    careli

    bon ça va j'ai quand même quelques lectrices !!

    bonne journée à toi

    9
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:15
    careli

    c'est gentil, merci

    10
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:16
    careli

    pas de souci tu peux la lire à qui tu veux

    bonne journée à toi, bises

    11
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:16
    careli

    si mespetites histoires peuvent faire plaisir, j'en suis heureuse

    bonne journée

    12
    Mercredi 16 Mai 2012 à 10:17
    careli

    ben et moi donc, tu crois que j'ai grandi ???  pff suis restée bloquée à 'âge des contes de fées

    13
    Mercredi 16 Mai 2012 à 11:06
    knifty-de-manue

    je ne regrette pas d'avoir pris le temps de lire, merci belle histoire

    14
    Mercredi 16 Mai 2012 à 11:18
    careli

    merci c'est gentil d'aimer mes tites histoires

    15
    Mercredi 16 Mai 2012 à 12:48
    sylvie2841

    la magie des contes!! c'est très beau et puis c'est bien de garder un peu son âme d'enfant dans ce monde morose!!!

    bravo pour cette histoire

    bises sylvie2841

    16
    Mercredi 16 Mai 2012 à 12:50
    dane

    comme toujours , touché par cette belle histoire!! que d' aventure  bravo et bizou dane

    17
    Mercredi 16 Mai 2012 à 15:53
    careli

    merciiiiiiiiiiiii

    18
    Mercredi 16 Mai 2012 à 15:53
    careli

    merci heureuse que mon petit conte t'ait plu

    19
    Mercredi 16 Mai 2012 à 23:59
    gateuxrigolo

    une bien belle histoire bisous

    20
    Jeudi 17 Mai 2012 à 08:35
    careli

    merci, je vois que tu as misla main sur l'ordi

    bonne journée à toi, bises

    21
    STRIANO
    Lundi 22 Avril 2013 à 10:21
    STRIANO

    MERCI DE CE TRES BEAU CONTE ...LUNDI MA PETITE AMIE SERA RAVIE UNE FOIS DE PLUS ET CE,  GRACE A VOUS.

    AMICALEMENT

    MME STRIANO 

    22
    Bribri34500
    Lundi 22 Avril 2013 à 10:21
    Bribri34500

    J'ai adoré cette superbe histoire...

    Merci

    XXXX

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